Le musée de Montmartre présente la première rétrospective parisienne dédiée à Maximilien Luce depuis 1983.
Figure majeure du néo-impressionnisme, Luce a vécu de 1887 à 1899 rue Cortot, à quelques pas du musée qui lui rend aujourd’hui hommage. Cette exposition met en lumière son parcours artistique et réaffirme la place remarquable qu’il occupe dans l’histoire de l’art, tout en offrant au grand public une redécouverte de son oeuvre souvent méconnu.
Peintre néo-impressionniste et pilier des milieux anarchistes et libertaires, Maximilien Luce (1858-1941) a marqué son époque par son art et son engagement social. Disciple du divisionnisme initié par Seurat et Signac, Luce a su développer un langage pictural personnel, marqué par ses recherches sur la lumière et la couleur.
Ses toiles capturent avec une rare sensibilité les transformations industrielles et sociétales de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, explorant aussi bien les paysages urbains et ruraux que les figures des travailleurs et des baigneurs. Luce donne ainsi à voir et à ressentir une époque en mutation, un monde en mouvement.
Le musée de Montmartre, que l’artiste a si souvent représenté, est heureux de lui rendre hommage aujourd’hui, 125 ans après son départ de ce lieu emblématique. L’exposition Maximilien Luce, “L’instinct du paysage” est une invitation à découvrir ou redécouvrir un artiste essentiel, à la croisée de l’avant-garde artistique et des combats sociaux de son époque.
Une exploration du paysage, entre Montmartre et Rolleboise
Pour l’exposition Maximilien Luce, “l’instinct du paysage”, le musée de Montmartre choisit d’explorer son œuvre sous le prisme du paysage et emmène le visiteur dans un parcours rétrospectif entre les deux pôles essentiels de sa vie, Paris et Rolleboise. Il est invité à suivre les pérégrinations de l’artiste au départ de Montmartre, dont il fut l’habitant de 1887 à 1900, dans l’effervescence des rues parisiennes et au fil de ses voyages de Saint-Tropez au Pays-Noir de Charleroi en passant par les Pays-Bas, la Normandie ou encore Londres.
Maximilien Luce appartient à une génération qui a connu les fastes de la Belle Époque mais aussi les bouleversements sociaux et les conflits qui ont marqué le début du XXe siècle. Jeune témoin de la Commune de Paris à 13 ans, il traversa trois guerres et prit part à de nombreuses luttes sociales, s’opposant aux bagnes d’enfants, à la colonisation et défendant les grèves ouvrières et la cause dreyfusarde.
Cette riche période historique que Luce traversa correspond surtout à un fantastique bouillonnement artistique. La comète Luce rejoint la constellation néo-impressionniste formée par Georges Seurat, Paul Signac, Camille Pissarro et Henri-Edmond Cross dès sa première participation à la Société des Artistes Indépendants en 1887, où il expose sept toiles. Il prend dès lors part à l’aventure néo-impressionniste et contribue à la défense de la liberté artistique d’abord comme membre, puis en tant que vice-président et président de cette société.
Un regard moderne sur le monde
Avec près de 2 700 peintures et autant de dessins et estampes, Luce a laissé un corpus exceptionnel témoignant des grands événements de son époque : les grandes inondations, les grèves ouvrières, les transformations urbaines, les loisirs populaires, ou encore l’industrialisation grandissante.
Tout au long de sa carrière, les scènes idéalisées de baignades cohabitent avec les chantiers parisiens et avec les profils presque menaçants des usines belges dans l’ère de l’industrialisation. La ville, les fabriques et la nature s’offrent ainsi comme un terrain d’expérimentations fertiles. Lumières variables, perspectives dynamiques et couleurs pures transfigurent le paysage. Les scènes crépusculaires et les effets atmosphériques créés par Luce contribuent à la métamorphose visuelle des centres urbains et des foules qui les habitent.
Informations pratiques
Musée de Montmartre, 12, rue Cortot, 75018 Paris
Tél. : 01 49 25 89 39
Courriel : [email protected]
www.museedemontmartre.fr
Jours et horaires d’ouverture :
- Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h d’octobre à février, de 10h à 19h de mars à septembre.
- Café Renoir ouvert tous les jours de 11h à 18h de mars à septembre, du mercredi au dimanche de 11h à 17h d’octobre à février.
Tarifs :
- Plein tarif : 15 €
- Gratuit pour les – de 10 ans
- Tarifs réduits de 8 à 12 €
Accès :
- Métro : ligne 12, station Lamarck-Caulaincourt; ligne 2, station Anvers
- Bus : lignes 80 et 40
Le musée de Montmartre
Certainement le musée le plus charmant de Paris, le musée de Montmartre a été créé en 1960 dans l’une des bâtisses les plus anciennes de la Butte, construite au XVIIe siècle. Lieu de rencontres et de résidence, le 12-14, rue Cortot attira de nombreux artistes. Pierre-Auguste Renoir y eut un atelier tout comme Suzanne Valadon, Émile Bernard et les fauves Achille-Émile Othon Friesz et Raoul Dufy.
Les collections permanentes
Depuis 1960, les collections de la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » sont exposées au musée de Montmartre. Elles sont composées de plus de 6 000 œuvres et 100 000 pièces d’archives : peintures, affiches et dessins signés Toulouse-Lautrec, Modigliani, Kupka, Steinlen, Valadon, Utrillo… Le parcours de visite revient sur l’histoire de la Butte, l’effervescence artistique de ses ateliers, du Bateau-Lavoir à l’atelier Cortot, et l’ambiance de ses célèbres cabarets. L’accrochage du dernier étage, rénové en octobre 2023, rend hommage aux artistes du 12-14, rue Cortot : Pierre-Auguste Renoir, Maximilien Luce, Raoul Dufy, Othon Friesz, Charles Camoin, Émile Bernard, Francisque Poulbot, Démétrius Galanis ou encore le « Trio infernal » formé par Suzanne Valadon, André Utter et Maurice Utrillo. L’ensemble d’œuvres montré présente ces illustres habitants, qui ont fait de ces ateliers un lieu mythique.
Jardins Renoir
À deux pas de la place du Tertre, les trois Jardins Renoir entourent le musée de Montmartre et dominent les vignes. Ils ont été nommés en souvenir de Pierre-Auguste Renoir, le peintre impressionniste qui vécut sur place entre 1876 et y peignit plusieurs chefs-d’œuvre, comme le Bal du moulin de la Galette, La Balançoire ou le Jardin de la rue Cortot. Les Jardins Renoir offrent une vue exceptionnelle sur les vignes du Clos Montmartre et, au-delà, la vaste plaine au nord de Paris.
Atelier-appartement de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo
Haut lieu de la création à Montmartre au début du XXe siècle, ce bâtiment de la rue Cortot fut successivement occupé par les peintres « fauves » Émile-Othon Friesz et Raoul Dufy, par Émile Bernard, compagnon de Gauguin, ou encore par les écrivains Léon Bloy et Pierre Reverdy. Suzanne Valadon vint s’y installer une première fois en 1898, puis y revient en 1912. Elle y resta jusqu’en 1926, avec son fils Maurice Utrillo et son compagnon André Utter. Valadon est restée célèbre pour être l’une des premières femmes peintres à représenter le nu masculin intégral et à exposer à la Société nationale des Beaux-Arts (1894) ; quant à Utrillo, il a laissé des vues inoubliables de Montmartre. Leur atelier a été minutieusement reconstitué, tel qu’il était lorsque les peintres y habitaient.