Etymologia Botanica. Dictionnaire des noms latins des plantes. Michel Chauvet, Éditions Biotope, juillet 2024

Etymologia Botanica
Dictionnaire des noms latins des plantes
Michel Chauvet, Éditions Biotope, juillet 2024

L’étymologie des noms de plantes recèle de nombreux mystères et histoires fascinantes, c’est précisément ce que l’auteur dévoile au fil des pages de son dictionnaire étymologique. Michel Chauvet a réalisé un long travail d’enquête en consultant les descriptions données par les botanistes à travers les âges et en cherchant le sens qu’ils ont voulu leur donner.

C’est un travail complètement inédit car, s’il existait déjà des dictionnaires d’étymologie botanique, personne n’avait réellement pu réaliser cette consultation systématique des sources, rendue aujourd’hui possible par l’accès aux documents anciens sur Internet (la plupart sont numérisés et accessibles auprès de bibliothèques en ligne). Ce travail n’a aussi été possible que grâce aux compétences de l’auteur en linguistique, car les noms proviennent de nombreuses langues.

Avant le XVIIIème siècle, il n’existait pas de système standardisé pour nommer les plantes. Elles étaient désignées par des noms vernaculaires variables selon les régions, ou par de longues descriptions en latin composées de plusieurs mots. En 1753, Carl Von Linné publie son ouvrage majeur, Species Plantarum, qui introduit le système binominal de nomenclature, encore utilisé aujourd’hui. Binominal, car chaque nom d’espèce est composé de deux mots : le nom de genre en premier (avec une majuscule) suivi d’une épithète, comme « Rosa gallica », la « Rose de Provins » ou « Rose de France ».

En consultant ce dictionnaire, on constate d’abord que de nombreux noms viennent du grec, à commencer par Dioscoride, dont les noms sont souvent simples. Ainsi, Alcea signifie « la secourable », et Althaea « la guérisseuse ». Quant à Polypodium, Théophraste écrit : « La racine du polypode a beaucoup de chevelu et des ventouses comme en ont les tentacules du poulpe ». Les « ventouses » sont les cicatrices des pétioles des années précédentes sur le rhizome. Le nom signifie donc « petit poulpe » (de « polupous », « poulpe »), et pas « aux nombreux pieds ».

Le cas de Verbena est plus complexe, car la plante s’appelait « verbenaca » en latin, dérivé de « verbenae », « ensemble de branches réunies en faisceau ou de tiges réunies en bouquet pour purifier ». En revanche, le nom Digitalis est inconnu du latin classique. Il a été créé par Fuchs, comme traduction de l’allemand « Fingerhut », « dé à coudre ». Fuchs a repris le latin digital, « doigtier », en allusion à la forme de la corolle en doigt de gant.

Un travail de linguiste

Le nom du soja, Glycine max, est longtemps resté énigmatique. Max est en fait la graphie portugaise du nom arabo-persan d’un haricot mungo, transmis par Avicenne (XIème siècle). Le « x » se prononçait alors « š » en espagnol et en portugais. Linné pensait attribuer ce nom à un mungo à grains noirs, mais il a ensuite été typifié comme désignant le soja.

De nombreux autres noms viennent de l’arabe, qui était la langue savante au Moyen-Age. Une plante aussi commune que le pissenlit s’appelle Taraxacum, qui est un nom persan introduit aussi par Avicenne, et qui signifie « herbe amère ». Les botanistes voyageurs ont ensuite pris des noms aux populations locales. Ainsi, le nom Catalpa a été emprunté par Catesby au muskogee (langue creek des États-Unis), où il signifie « tête ailée ». Pour Simarouba, Aublet a repris le nom « kali’na » (Guyane).

« Ailanthus » a souvent été pris pour un nom chinois, mais Rumphius dit que le nom vient de l’amboinais« aylanto », c’est-à-dire « arbre du ciel », « ai » signifiant « arbre » et « lanit » « ciel ». La graphie latine avec un h est une hypercorrection. Le nom n’a rien à voir avec le grec « anthos », « fleur ». Depuis l’Antiquité, des noms ont aussi été dédiés à des personnages de la mythologie, comme Heracleum pour Heraclès, et Cypripedium, le sabot-de-Vénus, dédié à la déesse de Chypre, Aphrodite. Les botanistes ont enfin dédié de nombreux genres à des personnalités, comme l’intendant de marine Michel Bégon (1638-1710) pour Begonia et le botaniste Leonhart Fuchs (1501-1566) pour Fuchsia.

792 pages
Format 16,5 x 24 cm

39€

L’auteur

Michel Chauvet est ingénieur agronome et ethnobotaniste internationalement reconnu, ancien ingénieur de recherche à l’INRA (Institut national de recherche agronomique). Il est également membre fondateur de l’association Tela Botanica, qui regroupe les botanistes francophones. Dans le cadre de ses activités, il a lancé un site web collaboratif sur les plantes utiles, Pl@ntUse, qu’il continue à animer ; il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont l’Encyclopédie des plantes alimentaires (qui présente 1700 espèces) parue aux éditions Belin.