Dans le théâtre de verdure, les soirs de nocturne, les visiteurs sont invités à mettre à profit le temps que donne l’été pour écouter le vivant. Une des grandes révolutions contemporaines concerne sans aucun doute la place que l’humain se donne dans ce qu’il appelle « la Nature ». En Occident, après plusieurs siècles d’exception et de toute-puissance, il tente peu à peu de retrouver un espace à sa juste mesure. C’est à la fois douloureux et exaltant, car s’ouvre à nous une série de questions que l’on peut considérer comme autant d’exigences nouvelles. La première serait de savoir ”écouter le vivant” : c’est à partir de celle-ci qu’a été bâti le programme de ces rencontres.
Confrontant disciplines, pratiques et points de vue, ces séances proposent d’explorer différentes façons de se mettre à l’écoute du vivant : en le transcrivant, en l’enregistrant ou en parlant avec. Chaque session se décompose en deux séances : une conversation, au cours de laquelle deux personnalités venant d’univers différents confrontent leurs perspectives et la semaine suivante, une initiation pour découvrir et ressentir notre capacité d’écoute du monde vivant.
L’idée étant de brasser les disciplines, les points de vue, en gardant en tête que l’écoute du vivant est une expérience partagée, aussi profonde que triviale (qui n’a pas écouté un oiseau chanter à sa fenêtre ?), dans laquelle nous débutons à peine…
6 rendez-vous estivaux autour de l’environnement
Jeudi 8 et 15 juillet : SENTIR LE VIVANT
8 juillet, à 19h : Conversation entre Bruno Moulia et Joséphine Palliez
La perception des végétaux du chercheur Bruno Moulia et de Joséphine Palliez qui parle aux plantes sont-elles comparables ? De quelle sensibilité, de quelle intelligence pouvons-nous parler concernant les arbres ?
Avec son équipe, Bruno Moulia a mis en évidence la capacité des arbres et des plantes à sentir – le sens et l’intensité du vent, par exemple – et à percevoir, notamment, la position de son propre corps dans l’espace. Une faculté appelée proprioception, que l’on croyait jusqu’à présent réservée à l’humain. À travers ses expérimentations, à l’aide des outils mis en place dans son laboratoire, Bruno Moulia permet une compréhension des végétaux que Joséphine Palliez éprouve intuitivement depuis qu’elle est petite. Joséphine Palliez est une jeune fille “à haut potentiel”, suivie par Elise Andrieux dans “Les Pieds sur terre” sur France Culture. Depuis qu’elle est enfant, elle parle aux plantes. Bruno Moulia est chercheur à l’Université Blaise Pascal et à l’Inra de Clermont-Ferrand (Laboratoire de physique et physiologie intégratives de l’arbre en environnement fluctuant). Il travaille sur la sensibilité des végétaux, leur mobilité, leur communication, leur “intelligence”. Modération : Xavier de la Porte.
15 juillet, à 19h et 20h : Bain de forêt
Le visiteur va faire l’expérience du lien profond avec la nature grâce à cette initiation au bain de forêt japonais “shinrin yoku”. Ses sens entreront en interaction avec le jardin du musée pour un voyage, qui lui garantira détente et relaxation.
Jeudi 22 et 29 juillet : ENREGISTRER LE VIVANT
22 juillet, à 19h : Conversation entre Fanny Rybak et Robin Meier
Le vivant fait du bruit. Comment garder la trace de ces sons, comment les interpréter, comment les faire entendre, pourquoi les faire entendre ?
Fanny Rybak enregistre insectes et oiseaux pour mieux comprendre la fonction des sons qu’ils émettent. Robin Meier a conçu des œuvres sonores en collaboration avec des pigeons ou des moustiques. La pratique de chacun repose d’abord sur l’acte d’enregistrer. Ils confronteront leurs outils, leurs attentes, leurs surprises : qu’est-ce qu’on entend sur ces pistes, quand on écoute ? Y trouve-t-on ce qu’on y cherchait ? Sait-on ce qu’on enregistre ? Peut-on le savoir ?
Fanny Rybak est biologiste, enseignante-chercheuse à l’Institut des neurosciences de Paris-Saclay. Après une thèse sur les sons émis par les drosophiles lors de leur parade nuptiale, elle travaille maintenant sur les chants des oiseaux. Alternant le terrain et le laboratoire, Fanny Rybak s’intéresse à la manière dont sont codées les informations dans ces chants, quelles sont leur fonction, etc… Robin Meier est artiste et compositeur. À travers son œuvre, traversée par la question de la cohabitation du vivant et de l’artificiel, il explore ce que signifient penser, rêver, oublier et percevoir, qu’on soit un animal, une personne, un essaim, un algorithme ou une rivière. Dans ses compositions, performances et installations, il expérimente différentes manières d’habiter un monde non-humain. Modération : Arnaud Gonzague.
29 juillet, à 19h et 20h : Bulle de relaxation
Au sein du théâtre de verdure, le visiteur est installé confortablement, se laisser bercer par les sons de la nature et participe à une expérience mêlant méditation et contemplation, grâce à une initiation à la pratique indienne du Yoga Nidra.
Jeudi 19 et 26 août : TRANSCRIRE LE VIVANT : PEINTURE, POÉSIE
19 août, à 19h : Conversation entre Marielle Macé et Thomas Lévy-Lasne
L’artiste ne serait-il que le traducteur du vivant qui l’entoure, de la perception qu’il en a ? Comment l’écoute-t-il ? Quels sont ses outils ?
Les mots, selon Marielle Macé qui développe l’idée que la poésie est depuis toujours la langue trouvée par les humains pour faire parler le vivant. La peinture, pour Thomas Lévy-Lasne, « esthétisation calme du réel », à travers laquelle il fait notamment état d’un renoncement à l’idée de nature sauvage au profit du projet moderne d’artificialisation et d’utopie technologique. Deux façons d’expérimenter la relation de l’artiste au vivant. Marielle Macé est professeure de littérature et auteure. Ses livres prennent la littérature pour alliée dans une compréhension et une critique des formes de la vie ; elle travaille actuellement sur les solidarités entre la poésie et une anthropologie élargie (aux choses, aux environnements, aux communs, aux zones à défendre, aux plantes, aux bêtes…). Thomas Lévy-Lasne est peintre. Il appartient à cette génération d’artistes qui a su renouveler l’intérêt pour la peinture figurative, sur la base d’un traitement de sujets très contemporains. Patiemment, l’artiste opère une mise en visibilité, si ce n’est de la catastrophe, des habitudes culturelles de l’homme dans sa relation avec son milieu. Modération : Xavier de la Porte.
26 août, à 19h et 20h : Baume de poésie
Baigné dans la végétation luxuriante du jardin du musée, la nature dialogue avec le visiteur à travers des contes et de la poésie. L’occasion d’un voyage naturel à travers le monde.
Informations pratiques
Musée du quai Branly – Jacques Chirac
www.quaibranly.fr
Tél. : 01 56 61 70 00.
Activités gratuites dans la limite des places disponibles. Accès au musée selon la tarification en vigueur.
Horaires d’ouverture du musée :
Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. Fermeture le lundi.
Accès libre et gratuit au jardin à partir de 9h15 à 19h – Nocturne le jeudi jusqu’à 22h15.
C’est en plus une bonne occasion de redécouvrir la magie des jardins de Gilles Clément : derrière l’écologiste se cache un immense artiste dont l’œuvre est ici en action, bien mieux qu’aux jardins Citroen qui subit trop la pression du public.