Les effets de la mineuse

Marronnier aux feuilles roussies par les attaques de mineuses du marronnier, square René Le Gall, Paris 13e (75)
Marronnier aux feuilles roussies par les attaques de mineuses du marronnier, square René Le Gall, Paris 13e (75), août 2011, photo Alain Delavie

Feuilles roussies, plus ou moins desséchées sur l’arbre et complètement au sol à l’aplomb de la ramure, les dégâts provoqués par la mineuse des marronniers sont spectaculaires.

Quel que soit l’arrondissement de Paris, les marronniers blancs n’échappent pas à ce fléau qui donne à la capitale un sérieux air d’automne.
Cameraria ohridella est un microlépidoptère appartenant à la famille des Gracillariidés. Elle a été découverte en 1984 en Macédoine, près du lac Ohrid. En France, elle est apparue à la fin des années 1990 et a été observée pour la première fois en 2000 dans 13 départements situés à l’est et, ponctuellement, en Île-de-France. Une étude de chercheurs de l’INRA montre, à l’aide de marqueurs génétiques, que les populations de mineuse présentes en Europe sont originaires du sud des Balkans (Albanie, Macédoine, Grèce). Ce papillon parasite essentiellement le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum).

Elle passe l’hiver dans les feuilles mortes qui jonchent le sol. Au printemps, en avril, les premiers adultes s’envolent et peuvent être observés sur les troncs (assez difficilement compte tenu de leur taille réduite). Ces papillons de couleur brun ocre avec des motifs brillants sur les ailes sont de petite taille, environ 3 à 5 mm. Après l’accouplement, chaque femelle pond à la surface des feuilles près des nervures. À peine éclose, la chenille pénètre dans la feuille et creuse des galeries ou mines. Plusieurs stades larvaires se succèdent, les quatre premiers provoquant les dégâts les plus importants dans les feuilles. La nymphose se produit dans un petit cocon en soie de couleur blanche. Le papillon s’en échappe et le cycle recommence. Il peut y avoir jusqu’à trois générations par an en France. La durée du cycle dépend des conditions climatiques et s’étale sur 6 à 11 semaines. Les adultes issus de la première génération émergent généralement à partir de mi-juin, ceux issus de la deuxième à partir de début août et ceux de la troisième vers la fin septembre à début octobre. On estime que la population est multipliée par 10 à chaque génération. Heureusement l’hiver élimine jusqu’à 80 % des colonies.

Les études menées à l’échelle nationale ont montré que la mineuse du marronnier progressait à une vitesse de 50 à 58 km/an. Sa dispersion combine courte distance résultant du transport passif par le vent et grande distance avec établissement de nouveaux foyers en relation avec les densités de population humaine. Dans les grandes villes, les flux anthropiques plus importants (personnes, voitures, trains ou camions) participent au transport passif de l’insecte, et les fortes densités de la plante hôte augmentent les probabilités d’intercepter les nouveaux arrivants. À l’échelle urbaine, où les feuilles sont ramassées durant l’hiver, des gradients de population sont observés à partir des parcs et forêts péri-urbains depuis lesquels C. ohridella ré-envahit les villes. Ces gradients suggèrent que les potentialités de dispersion active de l’insecte sont faibles (environ 100 m), et que la dispersion serait plutôt le résultat de feuilles transportées l’hiver.

Alain Delavie

Agronome de formation et jardinier passionné depuis sa plus tendre enfance, collectionneur de plantes, Alain Delavie a exercé différents métiers toujours en étroite relation avec le monde végétal et le jardin, en commençant par celui de pépiniériste collectionneur avant de devenir journaliste et auteur spécialisé dans le jardinage. Il est aujourd'hui directeur des rédactions de Rustica (hebdomadaire Rustica, trimestriels Rustica Pratique et Rustica Les Essentiels).

Cet article a 5 commentaires

  1. Alain of Paris

    Actuellement, la meilleure chose à faire, c’est de ramasser toutes les feuilles mortes tombées au pied des marronniers ou des châtaigniers. Il faut ensuite les bruler, surtout pas les déposer sur le tas de compost. Ce ramassage devrait éliminer une bonne partie des parasites avant l’hiver.

  2. J. van der Vliet

    Qu’est ce qu’on peut encore faire pour éviter cette maladie? Ici, dans La Drôme, nous avons la même maladie aux chataigniers!

  3. Plantine

    Voilà un papillon, aussi petit soit-il, qui aime voyager !
    On s’en serait bien passé il me semble …
    Tous les ans, je déplore aussi les dégâts hideux que font ces bestioles sur les marronniers de Courbevoie.

  4. Sylvaine

    Nos deux marronniers sont dans un état pitoyable, les feuilles toutes roussies comme en automne, cela fait pitié de les voir et tous ceux du Parc de Saint Cloud sont dans le même état.
    Nous enlevons les feuilles mortes tous les automnes, les mésanges font des agapes de larves, les araignées sont nombreuses à avoir tissé leurs toiles pour capturer les adultes et les guêpes et les frelons semblent avoir découvert une mine de proteines pour leurs bébés inépuisable, mais malgré tous ces efforts conjugés, année après année, nos pauvres marronniers sont toujours aussi atteints !
    Bonne soirée

  5. jpp le jardinier

    Je corrige quelque peu mon commentaire précédent (Père Lachaise). En Juin, l’infection à Saint-Serge était en retard sur les années précédentes comme je l’ai indiqué.Mais je n’étais pas à Paris fin Juillet. Lors d’un passage début Août, j’ai pu constater que tout s’est accéléré effectivement en Juillet et qu’on peut considérer maintenant les dégâts comme très en avance sur les autres saisons.
    Si le parasite est transporté plutôt qu’il ne se transporte, c’est une bonne raison de ramasser les feuilles.Car sinon j’ai pu constater que,que l’on nettoie ou pas au sol, la maladie repart au printemps à l’aisselle des grosses branches. Et là, il faut soit l’échelle des pompiers soit un alpiniste .

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